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Le droit à la déconnexion

Qu'est-ce que le droit à la déconnexion ?

Depuis l’apparition du numérique dans le monde du travail, la frontière entre vie professionnelle et vie privée est devenue de plus en plus floue. L’accès permanent aux outils de communication a entraîné une disponibilité quasi constante des salariés, même en dehors des heures de travail. Face à cette situation, le législateur a introduit dans le Code du travail le droit à la déconnexion. Il vise à protéger les salariés contre l’« hyper-connexion » et le burn-out

Photographie d'une mallette en cuir avec un agenda et une smartphone illustrant ici le droit à la déconnexion

Le cadre juridique du droit à la déconnexion

L’article L. 2242-17 du Code du travail impose aux entreprises de plus de 50 salariés de discuter, lors de la négociation annuelle obligatoire, des modalités de mise en œuvre du droit à la déconnexion. L’objectif est de permettre aux employés de se déconnecter des outils numériques en dehors des horaires de travail, sans crainte de représailles. Aussi, les entreprises doivent prévoir des actions de sensibilisation et de formation à l’usage raisonné des technologies numériques.

Toutefois, la loi ainsi édictée reste relativement générale. En effet, elle laisse à chaque entreprise la responsabilité d’élaborer des accords spécifiques en fonction de ses besoins et de son secteur. Ainsi, il n’existe pas de réglementation uniforme sur la manière dont ce droit doit être exercé, ce qui peut compliquer son application concrète.

En matière de télétravail, le législateur a mis en place des règles permettant d’éviter autant que possible les abus. Ainsi, l’article L. 1222-9 du Code du travail impose d’établir les plages horaires durant lesquelles le salarié doit être joignable.

La protection du droit à la déconnexion

Plusieurs textes juridiques et principes issus de la jurisprudence protègent le droit à la déconnexion. Ils visent à préserver l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée des salariés.

1. Le respect des droits et libertés individuelles

L’article L. 1121-1 du Code du travail dispose que toute restriction aux droits et libertés individuelles des salariés doit être justifiée par la nature de la tâche à accomplir et être proportionnée au but recherché. Dès lors, constitue une atteinte à la vie privé du salarié le fait de lui imposer d’être joignable en permanence, même durant son temps libre. Une telle exigence serait difficilement justifiable et disproportionnée.

2. Le droit au repos

Le droit au repos permet de protéger la santé mentale et physique des salariés. Ainsi, il est protégé par des textes relatifs :

  • Au repos quotidien (au moins 11 heures consécutives par jour).
  • Au repos hebdomadaire (au moins 24 heures consécutives chaque semaine).

Ces dispositions renforcent l’obligation de déconnexion des salariés après leur temps de travail.

3. Les durées maximales de travail

Le Code du travail fixe des durées maximales de travail, qui ne doivent pas être dépassées. En effet, respecter ces limites permet d’éviter une surcharge de travail, obligeant indirectement les salariés à être constamment connectés.

4. L'interdiction de travailler pendant les congés payés

Un salarié ne doit pas travailler durant ses congés payés, même si le travail est effectué en dehors de l’entreprise. Ainsi, cela garantit une véritable période de déconnexion, préservant le droit au repos et à la récupération.

5. L'interdiction de sollicitation pendant l'arrêt de travail

L’article L. 323-6 du Code de la sécurité sociale protège également les salariés en arrêt de travail (maladie ou accident). Ainsi, l’employeur ne peut solliciter un salarié durant cette période, garantissant ainsi une tranquillité totale pendant la convalescence.

6. Le régime de l'astreinte

Lorsque l’employeur impose à un salarié de rester joignable durant son temps libre pour effectuer du travail, cela relève du régime de l’astreinte. Or, une période d’astreinte doit :

  • Être compensée par une contrepartie financière ou sous forme de repos.
  • Être planifiée à l’avance, et non imposée à l’improviste.

Ainsi, ce régime est strictement encadré pour éviter les abus de la part des employeurs.

7. La protection jurisprudentielle

Bien avant l’essor des technologies numériques, la jurisprudence protégeait déjà les salariés contre les sollicitations en dehors de leurs heures de travail. Par exemple, un salarié n’est pas fautif s’il n’est pas joignable en dehors de ses horaires de travail. En effet, l’obligation d’être à la disposition de l’employeur ne s’applique qu’aux heures de service.

Les sanctions du non-respect du droit à la déconnexion

Le non-respect du droit à la déconnexion peut avoir des conséquences juridiques importantes pour l’employeur. Surtout si cela affecte la santé mentale du salarié, son droit au repos, les durées maximales de travail ou encore ses congés payés. Les sanctions encourues sont notamment les suivantes :

1. L'octroi de dommages et intérêts en réparation du préjudice subi

Le salarié peut réclamer des dommages et intérêts lorsque le non-respect du droit à la déconnexion lui a causé un préjudice, notamment en affectant sa santé – physique ou mentale – ou en violant ses droits au repos et aux congés payés. Ainsi, ces indemnités sont accordées en fonction du préjudice réellement subi par le salarié, qu’il s’agisse de stress, de burn-out, ou de surcharge de travail.

2. La violation du droit aux congés payés

Si un salarié a été contraint de travailler durant ses congés payés, cela constitue une violation de l’article D3141-1 du Code du travail. Dans ce cas, l’employeur est considéré comme n’ayant pas respecté l’attribution des congés, ce qui permet au salarié de réclamer un solde supplémentaire de congés non pris. Autrement dit, le salarié a droit à de nouveaux jours de congé pour compenser ceux qu’il n’a pas pu prendre.

3. L'indemnisation de l'astreinte

Lorsque la violation du droit à la déconnexion a engendré des périodes assimilables à des astreintes, le salarié est en droit de réclamer une indemnisation. Il s’agit d’une compensation financière ou sous forme de repos.

4. L'indemnité forfaitaire de travail dissimulé

La qualification de travail dissimulé peut être retenue si la violation du droit à la déconnexion a entraîné des heures de travail non déclarées de manière intentionnelle par l’employeur. Dans ces conditions, en cas de rupture du contrat de travail, le salarié peut prétendre à l’indemnité forfaitaire pour travail dissimulé.

5. Le harcèlement moral

Le non-respect récurrent du droit à la déconnexion, s’il est exercé de manière systématique et abusive, peut constituer un harcèlement moral. Ainsi, si un salarié est constamment sollicité en dehors de ses heures de travail, cela peut être perçu comme une pression psychologique constante, affectant gravement son bien-être. 

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